Mor Faye et Ernest Mancoba: L' Art Moderne Africain s'invite à New York. Review by New York Times Senior Art Critic Holland Cotter. Translation: Bara Diokhane





New York est entrain de se mettre à l'heure de l'histoire de l'art moderne de l'Afrique, même si ses grands musées ne sont pas très au fait. Deux grands peintres du 20e siècle de ce continent y présentent, pour la première fois, deux expositions majeures, pas au Museum of Modern Art ou au Guggenheim, mais dans deux petites galeries du centre-ville.

L' artiste Sénégalais Mor Faye (1947-1984) fit forte impression, il y a deux décennies,  á  l'occasion d'une exposition collective au défunt Museum for African Arts de Soho. Son oeuvre, absente depuis lors, est ré-introduite grace á la galerie Skoto, dans l'une des expositions les plus stimulantes de cette saison á Chelsea.

Né á Dakar, Faye était un prodige. A 14 ans, il a étudié sous le grand moderniste Iba NDiaye, et devint enseignant lui-même plus tard. Sa carrière a coïncidé avec un moment  intense de la période post-coloniale. Le président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, avait assigné á l'art un rôle prépondérant dans l'élaboration d'une culture nationale inspirée du mouvement littéraire dit Négritude. En1966, Faye était l'une des stars du Premier Festival Mondial des Arts Nègres de Dakar. Et il put, grace aux expositions importées d'Europe par Senghor, absorber de maniére directe de larges pans de l'histoire de l'art occidental.


Mais les soucis n'étaient pas loin. Un chercheur obstiné, Faye dut se rendre á l'évidence du caractére réducteur d'une  Esthétique sous tutelle de l' Etat, qui exigeait que l'oeuvre d'art combinât un contenu africain reconnaissable à des formes européennes. S'ajoutait à la tension son histoire de troubles psychiatriques. Son comportement devint imprévisible. En 1976, il arrêta d'exposer, et eut des séjours            à l'hôpital psychiatrique jusqu'á sa mort á l'age de37 ans, pour cause de neuro-paludisme.
Malgré tout, il fut productif. Il détruisit un grand nombre d'oeuvres, mais quelque 800 ont survécu, et la revue modeste 27oeuvres sur papier donne une idée de sa dimension.

Une peinture exquise de 1969 se révéle comme une nocturne romantique pan-culturelle. Elle porte des signes d'une histoire  dramatique,voire apocalyptique. Ou cette autre oeuvre de 1970, un bloc  de couleurs et lignes d'influence cubiste, évoquant une maison  inondée, ou une arche fondatrice. Des images spirituelles et emphatiques d'oiseaux et d'animaux qui reviennent. Des figures cauchemardesques aux membres multiples, des bouches et des yeux multiples. Point de vue style, l'oeuvre est kaléidoscopique, le lien commun étant son énergie propulsive. Une création d'images  fabuleusement inventive.



Je peux aisément imaginer nos jeunes peintres venir s'en réjouir, et apprendre.

Alors que Faye passa toute sa vie en Afrique, Ernest Mancoba (1904-2002), dont 23 oeuvres sont exposées dans un espace situé au deuxiéme étage á la galerie Aicon, quitta tôt, et s'éloigna. Fils d'un mineur Sud-Africain, il commença la sculpture à un jeune âge, et ambitionnait une carrière d'artiste. Mais il savait que les portes étaient fermées aux Noirs. Au mieux, il serait contraint de créer de l'art pour touriste basé sur l'art tribal. Aussi partit-il á Paris via Londres en 1938. Lá-bas, il rencontra de jeunes artistes Danois (ils parlaient bien l'Anglais, lui parlait mal le Français), dont l'une, Sonja Ferlov, devint son épouse. Avec eux, il fonda le groupe Cobra en 1948 (le nom combine les lettres des trois villes que sont Copenhagen,Bruxelles et Amsterdam) . Avec Karel Appel et Asger Jorn parmi ses membres, Cobra était de gauche en politique, avec une pensée globale, rejetant les styles strictement définis, du naturalisme á l'abstraction.


Extrait de l'article de Holland Cotter publié par New York Times du 14 Mars 2017
Traduction de Bara Diokhané 

Comments

  1. "One of the most stimulating painting shows in Chelsea this season". The New York Times.

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  2. Quand les portes s’ouvrent aux africains....

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