La Recherche chez Mor Faye. Jean Brierre
LA RECHERCHE CHEZ MOR FAYE
Ving neuf ans à peine. Dans un visage frais, de petits yeux perçants qui soupèsent l’au-delà et l’en-deçà. des choses.
Mor Faye n’est- comme c’est la mode aujourd’hui- à la lisière d’aucun snobisme. Il ne joue pas à l’artiste. Sa vocation est chose trop sérieuse pour qu’il la galvaude en l’affublant de falbalas dans le carnaval ou le cirque des attitudes théâtrales.
Il vit son art avec une parfaite modestie. Sobre en paroles, seuls ses silences sont le fil conducteur de sa vie intérieure, ou mieux, de son tourment.
Il en aurait pu ètre autrement. En effet, après quatre années d’études à la Section d’Arts Plastiques de la Maison des Arts où Iba NDiaye et Tall Papa Ibra ouvrirent tant d’horizons aux jeunes générations, et deux années à la Section Normale, il participait avec honneur, à côté d’Ibou Diouf et de ses ainés à la grande exposition internationale d’Arts Modernes qui se tint au Palais de Justice, à l’occasion du Premier Festival Mondial des Arts Nègres.
L’influence d’Iba NDiaye était sensible dans ses oeuvres de ce temps là. S’en rendit-il compte? Dans tous les cas, devenu maitre d’education artistique, il se soumit à une sorte d’ascése. Délaissant les procédés faciles du figuratif, il se concentre dans le laboratoire étroit de la recherche.
“La culture est ce qui vous reste quand on a tout oublié.” L’exposition d’aujourd’hui, sélectionné avec goût et rigueur parmi trois cents oeuvres: peintures, gouaches, encres, lavis, aquarelles, atteste une forte personnalité de créateur, une autonomie totale de producteur de beauté, une maitrise parfaite des techniques.
Les couleurs de Mor Faye sont siennes. Ses formes portent sa griffe virile. Il a mis du temps mais il a réussi à sortir des contraintes et du dogmatisme d’école ou de chapelle.
Peintre abstrait aujourd’hui, il ne peut se défendre d’un certain reflux de sentimentalité décelable non seulement dans le choix des couleurs mais aussi dans l’ossature du dessin, la géométrie des courbes et des ellipses.
Jean Brierre, 1976
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